Mona Desforêt a pour elle la grâce et la jeunesse des fées. En Indochine, elle attire tous les regards. Mais entre les camps japonais, les infamies, la montée du Viet Minh, le pays brûle. Avec sa fille Lucie et son haut-fonctionnaire de mari, un maurrassien marqué par son engagement pétainiste, elle fuit en Nouvelle-Calédonie.
À Nouméa, les journées sont rythmées par la monotonie, le racisme ordinaire et les baignades dans le lagon. Lucie grandit ; Mona bovaryse. Jusqu’au jour où elle lit Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. C’est la naissance d’une conscience, le début de la liberté.
De retour en France, divorcée et indépendante, Mona entraîne sa fille dans ses combats féministes : droit à l’avortement et à la libération sexuelle, égalité entre les hommes et les femmes. À cela s’ajoute la lutte pour la libération nationale des peuples. Dès lors, Lucie n’a qu’un rêve : partir à Cuba. Elle ne sait pas encore qu’elle y fera la rencontre d’un certain Fidel Castro…
Et soudain, la liberté, c’est aussi l’histoire d’un roman qui s’écrit dans le silence, tâtonne parfois, affronte le vide. Le portrait d’une rencontre entre Evelyne Pisier et son éditrice, Caroline Laurent – un coup de foudre amical, plus fou que la fiction. Tout aurait pu s’arrêter en février 2017, au décès d’Evelyne. Rien ne s’arrêtera : par-delà la mort, une promesse les unit.
L’avantage de recevoir plusieurs romans de la Rentrée Littéraire : découvrir encore et toujours des romans aussi variés que surprenants. Et soudain, la liberté fait partie de ces excellentes découvertes que j’ai dévorées.
Ce roman possède une histoire particulière. En effet, il est à la fois une biographie de la mère et une autobiographie de la fille, toutes deux romancées, afin d’occulter plus facilement certaines personnes ou certains instants de vie. De plus, Evelyne Pisier est décédée avant d’avoir fini la rédaction finale de ce roman. C’est alors la jeune Caroline Laurent, éditrice devenue amie d’Evelyne, qui a fini le travail et a inséré quelques chapitres concernant la relation entre les deux femmes, le travail autour du texte… Impressionnante implication ! Cela donne un ensemble étonnement fluide et passionnant où on comprend l’intérêt de certains choix dans l’écriture d’un texte. Ainsi, le but premier de romancer le récit n’était pas de cacher des événements ou de protéger des personnes. Les deux auteurs désiraient mettre en avant le changement et la libération de Lucie (Evelyne, dans la réalité) et de sa maman appelée Mona.
Et soudain, la liberté met en avant les conditions féminines dans une société très patriarcale, l’évolution de certains droits et surtout les pressions sociales exercées sur les femmes. L’auteur est née en 1941 et la majorité des événements se passent donc au milieu du XXème siècle…
Si vous avez des doutes quant au pouvoir de la lecture, le roman devrait vous convaincre puisque c’est en lisant Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir que Mona va prendre de l’assurance et prendre sa vie en main, malgré les difficultés.
A LIRE !
Et soudain, la liberté – Evelyne Pisier & Caroline Laurent
Les Escales, 2017
441 pages
3 réflexions sur “Et soudain, la liberté – Evelyne Pisier et Caroline Laurent”