Annie au milieu – Emilie Chazerand

Velma et Harold sont le frère et la sœur d’Annie.
Annie est « différente ». C’est comme ça que les gens polis disent. Elle a un chromosome en plus. Et de la gentillesse, de la fantaisie, de l’amour en plus, aussi. Elle a un travail, des amis et une passion : les majorettes.
Et Annie est très heureuse parce que, pour la première fois, sa troupe aura l’honneur de défiler lors de la fête du printemps de la ville.
Mais voilà, l’entraîneuse ne veut pas d’elle pour cet événement : elle n’est pas au niveau, elle est dodue… Bref : elle est « différente ».
C’est bête et méchant. Ça mord Annie et les siens, presque plus. Alors, qu’à cela ne tienne : Annie défilera, avec son équipe brinquebalante, un peu nulle mais flamboyante.
Ses majorettes un peu barjo. Ses barjorettes, quoi.
Il faut croire que je prends goût aux romans d’Emilie Chazerand… J’ai beau émettre des réserves à chaque titre lu, j’y retourne inlassablement. Une fois de plus, avec « Annie au milieu », l’autrice nous offre une histoire très humaine, très vraie, bien ancrée dans la réalité. Annie a 2 parents, 1 frère et 1 soeur mais surtout 1 chromosome en trop. Dans notre société où on est champion des non-dits et des faux semblants, il est difficile de trouver à s’intégrer quand on ne comprend pas les codes. Mais les difficultés sont aussi bien présentes pour Velma et Harold, la soeur et le frère. Comment se faire une place dans la famille, dans la fratrie, quand on a une sœur qui demande tant d’attention ? Quand la vie ne tourne qu’autour d’elle ? Ils se sont élevés seuls, ont dû être autonomes très rapidement… Et ont toujours eu le sentiment de ne pas pouvoir se confier à leurs parents pour ne pas leur rajouter de difficultés. Ça ronge. Malgré le réalisme, on retrouve une nouvelle fois le côté déjanté d’Emilie Chazerand. Vous imaginez une famille qui monte son groupe de majorettes alors qu’une seule personne possède la passion ? Dans ce roman, trois points de vue se succèdent, ceux de Velma, Harold et Annie. Cela les rend tous attachants. On comprend bien mieux les relations qui les unient. L’autrice a su adapter son style à chacun. Mais cela fait que certains chapitres ne sont pas très agréables à lire. Je pense à ceux d’Annie, qui, en plus, peut paraître étouffante de par son caractère très enjoué. J’aurais aimé quelques chapitres concernant les parents. Cela aurait permis de comprendre leurs manies, leurs rigidités.
Un roman qui reste à découvrir pour le traitement intelligent du handicap.
Annie au milieu – Emilie Chazerand
Sarbacane (Xprim’), 2021
312 pages

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