Pour que je sois la dernière – Nadia Murad

La vie de Nadia Murad a basculé le 15 octobre 2014, lorsque les djihadistes de Daech sont entrés dans le petit village de Kocho, en Irak. Ce jour-là, après avoir rassemblé tous les habitants de cette communauté yézidie dans l’école, les terroristes les ont méthodiquement tués ou kidnappés. L’horreur avait été programmée : les hommes qui refusaient de se convertir à l’islam devaient rejoindre dans les fosses les femmes jugées trop vieilles pour servir. Et parmi elles, la mère de Nadia Murad.
La jeune Yézidie est emmenée à Mossoul avec des milliers d’autres jeunes fi lles pour y être vendue. Servante, esclave sexuelle, elle devient la prisonnière de combattants de l’État islamique, jusqu’à sa fuite miraculeuse, grâce à l’aide d’une famille irakienne sunnite.
Nadia Murad, meurtrie par la disparition de tant des siens et par ce qu’elle a subi, vit aujourd’hui en Allemagne. Malgré les humiliations, elle a décidé de prendre la plume pour tout raconter. Pas pour elle, puisqu’il est déjà trop tard, mais pour tous les Yézidis et pour toutes les autres femmes victimes de violences.
Aujourd’hui, Nadia Murad n’a qu’un seul souhait : « Être la dernière fille au monde à avoir à raconter une histoire pareille. »
Ce livre est son histoire.

Chère Nadia Murad,

Merci d’être revenue de l’enfer. Merci d’être là. Merci d’avoir accepter de témoigner. Pour ce livre glaçant qu’on ne peut pas juger. Ne serait-ce parce qu’il s’agit d’un témoignage, d’une réalité plus que difficile à imaginer pour l’occidentale que je suis.

Merci de partager votre vécu. De l’EIIL (État islamique en Irak et au Levant ), on connaît beaucoup leurs attentats, leurs batailles de territoires…mais on entend pas assez parler des victimes directes de leur pensée, de celles qui vivent au plus proche de cette entité.

On lit vos mots et on baisse les yeux. Partagé entre la honte par rapport à ce que l’homme est capable de faire et le respect qu’on a pour vous. Vous êtes si jeune. Et vous avez vécu tant de choses difficiles et inacceptables. Ne regrettez pas de ne pas vous être rebellée. Je ne peux pas m’empêcher de penser que cela vous a sauvé la vie. Sans cela, je serais passée à côté de beaucoup de choses. Autant j’ai lu des romans, parfois inspirés de faits réels, se déroulant au Moyen-Orient mais on y parlait de mariage forcé, d’excision… S’il s’agit d’autres combats, aussi importants, il est aussi grand temps de dénoncer les autres monstruosités d’ici et d’ailleurs.

« Être la dernière fille au monde à avoir à raconter une histoire pareille. » Je ne pense pas que vous serez la dernière à vivre ça. Cela me désole mais j’espère que vous êtes la première à raconter cela et qu’il y en aura d’autres pour éveiller les consciences et travailler à l’arrêt de ces horreurs.

Si vous la croisez, remerciez Amal Alamuddin,. En Occident, on la connaît surtout pour être la femme de monsieur Nespresso, Georges Clooney. Grâce à vous, Nadia, j’ai aussi fait connaissance avec cette femme engagée pour les femmes, notamment yézédies, qui gagne à être reconnue comme telle. A l’international. Qu’elle continue son combat.

J’espère qu’un jour, je pourrais lire des récits inventés ou des témoignages plus positifs. En attendant, Pour que je sois la dernière est un livre essentiel à diffuser très largement et qui me donne envie de vous rencontrer.

Marie

Pour que je sois la dernière, Nadia Murad

Fayard, 2018

398 pages


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