Conseils Lecture #1 : Colette

Depuis un bon mois, j’aurais pu assez largement étoffer la catégorie « Classiques » du blog grâce à Sidonie-Gabrielle Colette. En effet, je viens de lire La maison de Claudine, Sido, Les Vrilles de la vignes, Claudine à l’école et La Naissance du jour. J’aurais ainsi pu réhabiliter une auteure toujours méconnue. Je ne l’ai pas fait. (Non, sans rire !). Pourquoi ? Tout simplement parce que je travaille dans sa maison natale. Du coup, je n’ai pas le même regard sur les œuvres de Colette que sur les œuvres chroniquées habituellement ici. Il faut dire que j’ai découvert les textes pour le travail et non pour le plaisir. Pourtant, ce que j’ai découvert m’a plu et il me semblait important de le partager, malgré la difficulté.

Colette se propose, d’abord, au lecteur comme la souveraine d’un royaume sensible, la reine des choses prochaines, un écrivain de la nature.
Pourtant (elle) n’est pas orientée vers la campagne à la manière des romanciers paysans. La campagne de Colette est une campagne pour citadines, une campagne dont les baumes cicatrisent les plaies du cœur. Rien ne viendra à bout d’une certitude solidement appuyée sur la terre, d’une confiance animale dans la vie qui assurera toujours en fin de compte, le ressaisissement et la reconquête de soi. Colette connaît la souffrance, et la fin inexorable de toutes choses heureuses ; elle les accepte l’une et l’autre, sûre d’une complicité secrète du monde, du chat qui dort près du feu, les pattes en manchon, de l’acidité des fruits sauvages dans les souvenirs d’enfance.

D’abord, il y a La Maison de Claudine où Colette rapporte de nombreuses anecdotes autour de sa maison natale. A vrai dire, je ne saurais dire quelle est ma préférée… Peut-être celles concernant la religion. Puis, j’ai lu Sido, le premier texte où sa mère apparaît comme telle. Il aura fallu dix ans après la mort de Sido pour que Colette ose réellement parler de sa mère. Et Les vrilles de la vignes m’a laissée plus indifférente. Le texte n’est, pour autant, pas dénué d’intérêt, présentant de nombreux instants comme pris sur le vif.

L’ouvrage est un hommage de Colette à sa propre mère, ainsi qu’à leur relation complice, quasi fusionnelle. L’auteur évoque alors constamment le personnage le plus important de sa vie, sa mère Sido. Autour de cette figure, se développe le thème du souvenir : souvenirs d’enfance et de jeunesse. Mais Colette ne s’arrête pas là. Elle essaie de dégager les enseignements qu’apporte la personnalité de sa mère.

Quant à Claudine à l’école, il s’agit d’un incontournable pour comprendre Colette. En tout cas, son œuvre puisque nous avons là, son point de départ. Publié en 1900, le texte fera scandale à Saint-Sauveur-en-Puisaye, village qui a vu grandir Colette de 1873 à 1891. Si Colette a modifié les dates et le nom du village, elle a, à peine, camouflé les noms des personnages, qui reprennent ceux bien réels des san-salvatoriens (les habitants de Saint Sauveur, quoi) et elle propose une critique assez acerbe des villageois, les présentant comme avares, feignants, hypocrites et tout ce qui s’en suit. Pourquoi tant de haine, de rancoeur ? Pour cela, il faut s’intéresser à l’enfance de Colette. D’ailleurs, n’hésitez pas à vous pencher sur la biographie écrite par Gérard Bonal, intitulée simplement Colette.

« Ces quatre-là et moi, nous formons cette année la pléiade enviée, désormais au-dessus des « grandes », qui aspirons au brevet élémentaire. » Avec Claudine, quinze ans, intelligente, séduisante, très avertie, ses camarades, la flamboyante directrice de l’école et sa jolie adjointe, les deux instituteurs des garçons et quelques autres, nous allons vivre une année scolaire peu banale… Rempli de vie et de sensualité, Claudine à l’école, premier roman de Colette, réunit déjà toutes les qualités qui assureront l’immense succès du grand écrivain.

 

Et puis, il y a La Naissance du Jour, dont la première publication date de 1928 alors que l’auteur a 55 ans. Certainement, mon préféré, pour le moment. Colette a écrit ce roman à La Treille Muscate, sa villa de Saint Tropez, ville connue grâce à son troisième mari. A ce moment-là, c’est l’inconstance, son infidélité aux lieux (et aux hommes ?) de Colette qui semble la faire souffrir.

« Est-ce ma dernière maison, celle qui me verra fidèle, celle que je n’abandonnerai plus ? »

 » C’est folie de croire que les périodes vides d’amour sont les “blancs” d’une existence de femme « , écrivait Colette, en 1937. 
Car c’est le temps où peut fleurir sa vie propre, saison de poèmes comme l’atteste  » La naissance du jour « , composée l’été de ses cinquante-quatre ans. L’âge où s’offre, en coupe d’oubli, le dernier amour n’est-il pas plutôt celui d’inventer, hors des dépendances, sa maturité au pays du soleil ?

 

Je finirai cet article en parlant de ces romans que je meure d’envie de lire pour des raisons, parfois futiles. Sur mes étagères, se trouvent déjà La Vagabonde, Le Blé en herbe, La retraite sentimentale et Le pur et l’impur, L’ingénue libertine.

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2 réflexions sur “Conseils Lecture #1 : Colette

  1. J’aimerais beaucoup découvrir Colette. J’ai « la chatte » dans ma PAL que ma mère m’avait conseillé, et si j’apprécie sa plume (les citations me plaisent en tout cas), je continuerai l’exploration !

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  2. C’est vrai que Colette, on en parle, elle est un peu l’image de la femme libre et libérée, mais est-ce-qu’on la lit encore vraiment ? Travailler dans sa maison natale ? ça doit être une expérience intéressante… Moi j’aime bien le blé en herbe, et le film, tourné en 1954, l’année de la mort de Colette par Claude Autant Lara est une adaptation bien réussie. Dans la bande annonce sur youtube on entend sa voix qui lit quelques extraits.

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